02/02/2017

LA NUIT DU REVOLVER de David Carr

Après un soir de beuverie où il fut un tel connard que son meilleur ami du pointer une arme sur lui pour le faire déguerpir, cet ami lui dira plus tard:
"Je n'ai jamais possédé de flingue, je crois que c'était le tien."
Mais à qui appartenait cette arme ? C'est la question qui animera cette terrible Nuit du revolver

Ces Américains sont toujours très forts pour parler d'eux-mêmes, avec cette impudeur candide, cette innocence perverse propre au coupable repenti. David Carr fait partie des grandes plumes journalistiques américaines, de cette école plus que florissante dite de "narrative non-fiction". Et ce diable de Carr pousse son enquête documentée, fouillée,  aussi loin que ses retranchements métaphysiques puissent l'emmener.

Pour ça, il va devoir traverser l'enfer, certes pavé (parfois) des meilleures intentions, mais un enfer foutrement brûlant. Car il s'agit d'enquêter sur sa propre vie. Sur une période que sa mémoire a fini par occulter.

Muni de son carnet, ce Tintin psychédélique va arpenter le parcours obscur, déjanté, dépravé, méprisable du dealer défroqué qu'il fut. En allant interroger témoins, amis, flics, collègues journalistes, il déploie tout son talent méthodologique pour disséquer les moindres recoins de ses souvenirs et de ses actes, les recoupant par des faits et des preuves tangibles. Un talent que l'on pourrait qualifier d'inné.

L'auteur nous embarque, nous malmène (oui mais... c'est bon !), ne nous épargne rien, ne cache aucun excès, avec cette inconscience retorse du coupable auquel il faut tout pardonner, avant de replonger dans son alzheimer psychotique... Un road-trip made in America avec cette héroïque propension, digne des pionniers du Grand Ouest, à se déchirer l'âme et la tête en goûtant à toutes les drogues et, surtout, à employer tous les moyens pour y parvenir.

Voici peut-être la grande "geste américaine", un voyage au bout de la défonce, et d'une petite vie de drogué... qui finit malgré tout par toucher, avec grâce, à l 'universel...

Signé: Franck Poupard

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